Le 3 novembre, le site Le Guide Santé a dévoilé une carte de France interactive des déserts médicaux par commune. L'occasion de faire le point de la situation dans le Centre-Val de Loire, très contrastée vous le verrez.
Les politiques publiques viendront-elles à bout de la désertification médicale ? Le site Le Guide Santé a dévoilé ce mardi 3 novembre une carte de France interactive, qui compile les données de la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees).
Ces données détaillent, pour chaque commune de France (à part à Mayotte et dans certaines zones de la Guyane), la difficultés d'accès aux soins à laquelle est confrontée la population. Et pour être classée "zone sans difficulté", une commune doit cocher trois critères :
- le nombre de consultations en médecine générale doit être supérieur à 2,5 par an et par habitant,
- la première pharmacie doit être située à moins de 10 minutes de route,
- le premier effecteur de médecine d’urgence doit être situé à moins de 30 minutes de transport.
Une situation (a priori) rassurante
En Centre-Val de Loire, 41 communes apparaissent en rouge sur la carte, synonyme de "désert médical", soit 2,33% des communes de la région et 0,5% de la population régionale. Ce sont en effet tous des villages de moins de 1 000 habitants, qui tournent même souvent autour de 250 habitants.Comparé au reste des régions françaises, le Centre-Val de Loire semble s'en sortir assez bien, avec seulement une personne sur 200 résidant a priori dans un désert médical, au sens strict de la Drees. Seules la Normandie, les Pays de la Loire, la Bretagne et l'Île-de-France font mieux. En tout, 685 communes de la région (soit environ 4 communes sur 10) sont classées "sans difficultés".
Autrement dit, un peu plus de 6 communes sur 10 dans le Centre-Val de Loire sont sous-dotées en soins médicaux. Les critères de la Drees ne prennent par ailleurs pas en compte la difficulté de trouver un spécialiste ou "de tomber sur le bon médecin au bon moment", explique-t-on du côté du Guide Santé.
Le dessous des cartes
La carte cache également une triple réalité plus sombre encore. Le Centre-Val de Loire forme beaucoup moins de médecins par rapport à sa population que d'autres régions, elle a été évincée de l'augmentation du numerus clausus en 2019, et ses zones rurales (qui correspondent également à des zonnes blanches) font fuir les jeunes médecins.Si bien que la désertification médicale est un processus en cours, poussant la région à salarier elle-même 150 médecins d'ici à 2025 pour contrer le phénomène.
La carte du Guide Santé permet malgré tout de pointer du doigt l'inégalité territoriale entre zones rurales et zones urbaines face à la désertification médicale.
En Indre-et-Loire, tout roule (ou presque)
Si l'on regarde la carte plus en détail, l'Indre-et-Loire semble être le seul département presque entièrement vert (soit sans difficulté d'accès aux soins). Seulement quatre des 41 communes classées désert médical dans la région s'y trouvent, et seules les périphéries du département sont concernées par des difficultés d'accès aux soins.Tours tire particulièrement son épingle du jeu, notamment sur le terrain du nombre de consultations médicales par habitant et par an. Ce taux dépasse ainsi les 5 dans plusieurs communes de la métropole, comme à Tours bien-sûr, mais aussi à Rochecorbon, Saint-Avertin, La Riche et Saint-Cyr-sur-Loire.
Par ailleurs, seuls 0,15% des habitants de l'Indre-et-Loire résident dans une commune classée désert médical, le taux le plus bas de la région.
Eure-et-Loir, Loir-et-Cher et Loiret : ne pas s'éloigner des hôpitaux
Les trois départements du nord de la région se ressemblent, tout du moins sur la carte du Guide Santé. L'Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher et le Loiret ont la particularité de compter de nombreuses zones apparemment sans difficulté de soins, souvent en forme de disque plus ou moins régulier formés autour des hôpitaux de la région : Orléans, Blois, Romorantin, Chartres, Dreux...Le Loir-et-Cher se distingue également en accueillant deux des quatres seules communes de plus de 2 000 habitants de la région à présenter deux difficultés d'accès au soin, en l'occurence Saint-Laurent-Nouan et Nouan-le-Fuzelier. Toutes deux sont plombées pour les mêmes raisons que les cinq villages précédemment cités.
Saint-Laurent-Nouan se trouve à 39 minutes en voiture des urgences. C'est vraiment beaucoup. Ca peut être très dangereux en cas d'accident ou d'accouchement.
Dans le Berry, une situation plus critique
Sans surprise, le Berry est la zone la plus en difficulté du Centre-Val de Loire sur la carte du Guide Santé. Avec 211 et 219 médecins pour 100 000 habitants, le Cher et l'Indre se classent respectivement 4e et 8e départements les moins bien dotés en médecins de France métropolitaine.Et être une ville dotée d'un hôpital ne suffit pas, dans le Berry, à garantir une zone d'accès correct aux soins. Ainsi, Bourges et Issoudun se retrouvent cernées de communes où les consultations en médecine généraliste sont très faibles.
Quant au sud du Berry, autour de La Châtre et Saint-Amand-Montrond, de très nombreuses communes se retrouvent à bien plus d'une demi-heure de tout service d'urgences. Le record est détenu par Pouligny-Saint-Martin. Les 222 habitants du villages doivent ainsi faire 57 minutes de voitures avant de trouver des urgences.
Pour jouer avec la carte interactive complète du Guide Santé, rendez-vous sur leur site internet.